Saturday, March 17, 2012

Transcript: Prof John P. Entelis on 'The Future of Democracy in the Maghreb: Algeria in Comparative Perspective' (from 14 March 2012)

The following is from the H-MAGHRIB listserv:

--begin--
John P. Entelis, Professor of political Science at Fordham University (New York), gave an important lecture at CSID-Tunisia on Tuesday, March 13th 2012, on "The Future of Democracy in the Maghreb: Algeria in Comaparative Perspective", which was then followed by an open debate with scholars and civil society activists.

See below for CSID's full transcript of the lecture, in both French (first) and English (last).


To view the complete email with photos:
For the lecture video:

___________________________________
Tanscription du Text en Francais

La nouvelle que l'épouse du colonel Mouammar Kadhafi et trois de ses enfants avaient trouvé l'asile politique en Algérie voisine alors même que son régime était sur le point de s'effondrer n'a surpris personne, vu l'effort continu de ce pays à réaffirmer son héritage révolutionnaire, fruit de 132 années d'occupation coloniale et de presque huit ans de guerre de libération nationale. Cependant, cette lutte révolutionnaire ancrée dans l'histoire a été routinisée il y a bien longtemps. Le mythe nationaliste résultant, défini par la bureaucratie et orchestré par l'élite, a autant pour objectif de maintenir le statu quo politique que de servir de modèle de révolte populaire contre un régime hégémonique, qu'il soit imposé par l'étranger ou comploté de l'intérieur.

La répugnance de l'Algérie à abandonner ses corévolutionnaires de Libye résulte d'un cadre de référence idéologique dépassé mais cependant toujours dominant par lequel l'Algérie voit le monde et veut être vue par lui. Elle traduit aussi une réticence à accepter les nouvelles réalités géopolitiques et stratégiques que le Printemps arabe a créées en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

Cette perspective immobiliste existe dans le contexte des défis fondamentaux auxquels est actuellement confronté le système politique algérien sur trois axes différents mais liés. Le premier challenge est une lutte des élites pour le pouvoir, opposant la classe gouvernante et les services de renseignement omnipotents. Deuxièmement, la bataille pour la suprématie économique entre les « nationalistes des ressources » et les réformistes économiques a conduit à une impasse politique. Ce conflit tourne autour du contrôle de la « poule aux œufs d'or », c'est-à-dire la Sonatrach, l'énorme groupe pétrolier et gazier national. Pour finir, des divisions intergénérationnelles empoisonnent les relations entre l'État et la société. Une jeunesse insatisfaite, désillusionnée et désespérée, souvent sur-éduquée mais sous-employée, est descendue dans la rue, en une série de grèves sauvages, manifestations publiques et autres formes de protestations contre le régime. Ces manifestations signalent une rupture permanente avec le grand contrat social sous-entendu dans le mantra idéologique post-indépendance, « la révolution pour le peuple et par le peuple ».

Des développements récents indiquent, aux plus hauts niveaux de l'autorité gouvernementale, une lutte entre élites pour le pouvoir impliquant les trois piliers de l'État algérien : l'armée et les services de renseignement, la Sonatrach, qui constitue le moteur économique du pays, et l'élite dirigeante du parti au pouvoir, le Front de Libération National. Début janvier 2010, un bouleversement politique d'envergure nationale a touché l'équipe dirigeante de la Sonatrach. Le président de la société, Mohammed Meziane, ainsi que trois des quatre vice-présidents, ont été licenciés à la suite d'une enquête relative à une affaire de corruption publique, enquête diligentée par le principal service de renseignements du pays, le Département du renseignement et de la sécurité ou DRS, dirigé par le très influent général Mohamed « Toufik » Mediène.

Étant donné la relation directe entre Meziane et son patron, Chakib Khelil, le ministre de l'énergie, des mines et de l'industrie, ce dernier s'est lui même trouvé indirectement impliqué très peu de temps après l'éclatement du scandale. Le ministre n'a pas été inculpé mais simplement démis de son poste influent lors d'un remaniement gouvernemental. Un mois plus tard, un autre événement marquant, à savoir l'assassinat d'Ali Tounsi, chef de la police nationale, la Direction générale de la sûreté nationale ou DGSN, a entraîné d'importants bouleversements au niveau ministériel.

Tounsi n'était pas un simple flic, mais une figure clé de l'appareil de sécurité du gouvernement, ayant dirigé la DGSN pendant plus de dix ans. Sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika, Tounsi a modernisé la police nationale, supervisant une expansion rapide du personnel et faisant construire dans tous le pays des douzaines de nouveaux postes de police dans le cadre du programme anti-terrorisme du gouvernement. Le fort soutien par Bouteflika des efforts de Tounsi faisait partie de la stratégie plus large du président visant à créer une force de sécurité puissante, loyale à l'exécutif et indépendante du DRS. Bien que Tounsi ait été autrefois colonel dans l'armée, il avait rejoint la vie civile depuis plusieurs années. Par conséquent, certains analystes ont vu un lien entre l'enquête du DRS sur les dirigeants de la Sonatrach proches de Bouteflika et le meurtre du chef de la police.

Bien que le haut commandement de l'armée (autrement dit, le pouvoir) ait joué un rôle déterminant dans l'accès de Bouteflika à la présidence de l'Algérie en 1999, depuis cette date et après deux réélections de suite en 2004 et 2009, Bouteflika a graduellement rétabli son autorité sur ses patrons militaires. Grâce à l'élimination d'un grand nombre d'officiers supérieurs clés par une combinaison de retraites forcées, de nominations ambassadoriales et de décès dus à l'age, il a pu concentrer le pouvoir ultime au sein de l'exécutif, avec lui à sa tête. Cette tentative de modifier l'équilibre des pouvoirs au détriment de l'armée et en faveur de l'autorité civile n'a pas été appréciée par le général Mediène, le chef vieillissant mais puissant du DRS et l'éminence grise absolue du pays.

D'autre part, l'analyse du conflit entre les « nationalistes des ressources » et les réformistes économiques est cruciale pour comprendre les manœuvres du gouvernement. Quand, à la fin mai 2010, Bouteflika a annoncé le remaniement ministériel, les implications politiques du scandale de corruption étaient encore en train de se jouer. Finalement, 14 hommes, dont la majorité avait occupé des postes de direction à la Sonatrach, ont été inculpés pour avoir participé à l'attribution directe de contrats à des sociétés de service internationales. Ils ont été remplacés par des individus plus proches des nationalistes de ressources, des conservateurs politiques de la vieille école et de l'armée.

Trois membres importants du gouvernement Bouteflika ont été démis de leur poste ministériel, ce qui a porté un coup aux efforts de Bouteflika visant à détourner l'économie et la politique algériennes de leur passé trop autoritaire pour les orienter vers un avenir plus libéral et pluraliste. Les ministres limogés, étroitement associés aux politiques économiques réformistes, étaient Chakib Khelil du ministère de l'énergie, Abdelhamid Temmar du ministère de la promotion des investissements et Nourredine Zerhouni du ministère de l'intérieur. La confluence des événements dramatiques que je viens de décrire assure pratiquement que la ligne dure des nationalistes des ressources déterminera la direction de l'économie nationale, y compris le statut légal, administratif et financier de la Sonatrach, à court et à moyen terme.

Ces changements gouvernementaux sont significatifs car les trois hommes démis de leur poste prestigieux étaient professionnellement, politiquement et personnellement proches du président algérien. Khelil et Temmar, par exemple, étaient au centre des efforts de Bouteflika, au début de son second mandat, visant à ouvrir le pays à plus d'investissements étrangers, en particulier dans le secteur de l'énergie, efforts auxquels l'armée s'est systématiquement opposée.

En tant que ministre de l'intérieur, Zerhouni s'appliquait à exercer les pleins pouvoirs de la présidence. À son poste précédent, il contrôlait la DGSN, le service de police qui avait été sensiblement renforcé, soi-disant pour soutenir la « guerre contre la terreur », mais aussi pour compenser le pouvoir de l'armée et du DRS. Désormais, à titre de « premier ministre adjoint », un poste nouveau et non défini, Zerhouni n'a plus les mêmes pouvoirs.

Ces mouvements de personnel reflètent un changement de politique plus large dans des zones clés de l'économie, en particulier le secteur de l'énergie. Khelil et Temmar sont devenus tous deux les représentants du moment libéral dans l'histoire économique algérienne récente, le premier ayant été chargé de la libéralisation de l'industrie des hydrocarbures dans laquelle des sociétés étrangères devaient être autorisées à détenir une part majoritaire des licences de pétrole et de gaz en amont et de l'industrie connexe en aval. Temmar, lui, s'est vu chargé de la mise en oeuvre d'une politique de privatisation destinée à vendre plus de 1000 entreprises d'État. Toutefois, ces cinq dernières années, les deux ministres avaient été entravés par une stratégie de régime de plus en plus conservatrice et, de toute façon, avaient depuis longtemps cessé de promouvoir des réformes axées sur le marché.

Le Printemps arabe est arrivé à un moment critique de l'histoire moderne de l'Algérie alors qu'un État et une société sont plongés dans une grande incertitude. Bien que les manifestations contre l'État n'aient pas atteint les mêmes proportions qu'en Tunisie, en Libye, en Syrie ou au Yémen, le mouvement de protestation reflète bien un fort clivage au sein du corps politique. En Algérie, l'écart entre l'État et la société n'a jamais été aussi grand qu'aujourd'hui. Un grand public profondément mécontent réclame le changement à une élite gouvernante apparemment indifférente, sinon méprisante. La liste des griefs de la majorité des Algériens ordinaires touche toutes les catégories de la société, de l'économie et de la politique ; ces griefs ont trouvé leur expression dans des actes de protestation quasi quotidiens et d'autres formes de désobéissance civile.

Certes, de nombreux facteurs limitent le degré de changement politique via la contestation populiste en Algérie. La férocité d'un appareil militarisé déterminé à se maintenir au pouvoir à n'importe quel prix n'est pas le seul obstacle à la révolution. D'autres facteurs jouent également un rôle important : la taille du pays, la diversité de sa population et l'utilisation de la richesse générée par le pétrole pour apaiser des classes mécontentes. D'autre part, le souvenir récent d'une guerre civile sanglante qui a fait 200 000 victimes, ainsi que les attaques continues du groupe terroriste Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI), hantent la conscience nationale et agissent comme un frein à une rébellion intérieure à grande échelle.

Pendant ce temps, la population jeune de l'Algérie, majoritaire dans le pays, a commencé à articuler une vision politique très éloignée de celle de l'élite gouvernante vieillissante du pays. La phraséologie archaïque du passé est désormais remplacée par des revendications explicites pour la liberté politique, la démocratie et la dignité humaine. L'émergence d'un groupe peu coordonné de figures d'opposition connu sous le nom de Coordination nationale pour le changement et la démocratie a été le fer de lance d'une révolte populiste contre le régime depuis le début 2011, qui s'inspire dans une grande mesure des intifadas qui ont lieu en Afrique du Nord et au Moyen Orient. Mais l'Algérie est-elle le prochain pays sur la liste ?

Bien qu'il ait déclaré le contraire, il est peu probable que le président affaibli achève son troisième mandat en 2014 car il est visiblement malade, et le système constitutionnel ne prévoit pas de mécanisme clair pour une succession politique. En attendant, un individu qui lui-même, à 72 ans, montre des signes de faiblesse physique, est à la tête d'un appareil de sécurité national enhardi. L'industrie des hydrocarbures, dont proviennent pratiquement toutes les sources de revenus de l'État, demeure manipulée politiquement et mal gérée économiquement. Par conséquent, une société civile de plus en plus agitée ne veut plus être apaisée par des promesses rhétoriques ou des récompenses économiques à court terme en échange d'une obéissance politique.

Ce qui est clair, c'est que les anciens modes d'établissement et d'application des lois devront être fondamentalement reconfigurés pour répondre aux revendications populistes pour la promotion sociale, l'opportunité économique et les libertés politiques. Comme c'est le cas depuis la fondation de la république, c'est l'armée qui fera que cette transition se déroulera paisiblement ou dans la violence.



___________________________________
English Transcript:


The news that Colonel Muammar al-Qaddafi's wife and three of his children found political refuge in neighboring Algeria even as his regime was on the verge of collapse came as no surprise given the country's long-standing effort to reaffirm its revolutionary heritage, drawn from 132 years of colonial occupation and nearly eight years of a war of national liberation. Yet this historically-rooted revolutionary struggle was long ago routinized. The resulting bureaucratically defined and elitist directed nationalist myth is intended as much to sustain the political status quo as to serve as an exemplar of peoples' revolt against hegemonic rule, whether foreign imposed or domestically conspired.

Algeria's reluctance to abandon its fellow revolutionary in Libya flowed from an outdated yet still dominant ideological frame of reference through which Algeria sees the world and wants to be seen by it. It also reflects an unwillingness to accept the new geopolitical and strategic realities that the Arab Spring has brought to North Africa and the Middle East.

This "stand pat" perspective exists in the context of fundamental challenges currently confronting the Algerian political system along three different but related axes. The first challenge is an intra-elite struggle for power between the governing class and the all-powerful intelligence services. Secondly, the battle for economic supremacy between resource nationalists and economic reformers has led to a political standstill. This conflict revolves around control over the "goose that lays the golden eggs" -- Sonatrach, the country's gargantuan national oil and gas company. Finally, intergenerational divisions plague state-society relations. Discontented, disillusioned, and desperate youth -- often over-educated but under-employed -- have taken to the streets in repeated wildcat strikes, public demonstrations, and other forms of anti-regime protest. Such protests signal a permanent rupture with the grand social contract implied in the post-independence ideological mantra, "the revolution for the people and by the people."

Recent developments point to an intra-elite power struggle at the highest levels of state authority involving the three pillars of the Algerian state: the military and intelligence agency; Sonatrach, representing the economic engine of the country; and the ruling elite in the governing party (Front de Libération National). In early January 2010, there was a political upheaval of national proportions affecting Sonatrach's senior management team. The president of Sonatrach, Mohammed Meziane, and three of the company's four vice presidents were fired as a result of a public corruption investigation. Algeria's top security and intelligence agency, the Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS), headed by the influential General Mohammed "Tewfik" Mediène, initiated the investigation.

Given the direct relationship between Meziane and his boss, Energy, Mines and Industry Minister Chakib Khelil, it was not long after the scandal broke out that Khelil himself was indirectly implicated. The minister was not charged but simply removed from his important position in a government reshuffle. A month later, major shifts in cabinet appointments followed another significant event -- the assassination of Ali Tounsi, head of the national police or Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN).

Tounsi was no mere flic (cop), but a key figure in the government security apparatus having directed the DGSN for over ten years. Under President Abdelaziz Bouteflika, Tounsi modernized the national police force, overseeing a rapid expansion in personnel, and constructing dozens of new police stations across the country as part of the government's anti-terrorism program. Bouteflika's strong support for Tounsi's efforts was part of the president's larger strategy to create a powerful security force loyal to the executive and independent of the DRS. Although Tounsi himself was once a colonel in the army, he had been a civilian for many years. Thus, some analysts saw a connection between the DRS investigation of Sonatrach officials close to Bouteflika and the murder of the police chief.

Although the army high command (or le pouvoir) was instrumental in securing the Algerian presidency for Bouteflika in 1999, since that time -- and following two successful back-to-back presidential reelections in 2004 and 2009 -- Bouteflika has gradually reasserted authority over his military patrons. Through a combination of forced retirements, ambassadorial assignments, and the age-related deaths of many key high army officers, he was able to concentrate ultimate power within the executive office, with him at its head. This attempt at shifting the balance of power away from le pouvoir in favor of civilian authority did not sit well with Gen. Mediène -- the aging but powerful head of the DRS and the country's ultimate power broker.

In addition, unpacking the conflict between "resource nationalists" and economic reformers is crucial to understanding the government's maneuvers. When Bouteflika announced the cabinet reshuffle at the end of May 2010, the political implications of the corruption scandal were still playing out. Ultimately, 14 men, the majority of whom formerly served as senior officials of Sonatrach, were indicted for their involvement in the direct awarding of contracts to international service companies. They were replaced by individuals identified more closely with resource nationalists, the old-line political conservatives, and le pouvoir.

In a blow to Bouteflika's efforts to redirect the Algerian economy and polity away from its overly authoritarian past into a more liberal, pluralistic future, three principal members of Bouteflika's government were removed from their cabinet positions. The sacked ministers, closely associated with reformist economic policies, were Chakib Khelil from the energy ministry, Abdelhamid Temmar from the investment promotion ministry, and Nourredine Zerhouni from the interior ministry. The confluence of the dramatic events described above virtually assures that hard-line resource nationalists will be determining the direction of the national economy -- including the legal, administrative, and financial status of Sonatrach -- in the immediate and intermediate future.

These governmental changes are significant because all three of the men removed from their high-profile positions were professionally, politically, and personally close to the Algerian president. Khelil and Temmar, for example, were central to Bouteflika's efforts early on in his second term to open up the country to increased foreign investment, especially in the energy sector. Le pouvoir consistently opposed these efforts.

As interior minister, Zerhouni endeavored to exercise the full powers of the presidency. In his previous post, he had control of the DGSN, the police agency that had been significantly strengthened, ostensibly to reinforce the "war on terror," but also as a means of counter-balancing the power of le pouvoir -- the army and the DRS. Now as "deputy prime minister," a new and undefined position, Zerhouni pales in comparison.

The changes in personnel reflect a broader policy shift in key areas of the economy, especially the energy sector. Both Khelil and Temmar came to represent the liberal moment in recent Algerian economic history, with the former tasked with the liberalization of the hydrocarbons industry in which foreign companies were to be allowed majority ownership in upstream oil and gas licenses and related downstream industry. Temmar was given responsibility for implementing a privatization policy intended to sell off more than 1,000 state-owned enterprises. But in the past five years, the two ministers had been undermined by an increasingly conservative regime strategy and, in any case, had long since ceased to promote market-oriented reforms.

The Arab Spring arrived at a critical juncture in Algeria's modern history as a state and society are in the midst of great uncertainty. While anti-state behavior has not reached the proportions experienced in Tunisia, Libya, Egypt, Syria, or Yemen, the protest movement does reflect a deep cleavage within the body politic. The gap between state and society in Algeria has never been wider than it is today. A deeply discontented mass public is demanding change from an apparently indifferent, if not contemptuous, ruling elite. The list of grievances held by the majority of ordinary Algerians cuts across every category of society, economy, and polity; grievances that have found expression in virtually daily acts of protests and other forms of civil disobedience.

To be sure, there are numerous factors that limit the degree of political change via populist protest in Algeria. The ferocity of a militarized apparatus determined to maintain itself in power at any cost is not the only impediment to revolution. Factors such as the size of the country, the diversity of its population, and the oil-generated wealth used to placate aggrieved classes also play a significant role. Furthermore, the recent memory of bloody civil war that left 200,000 dead along with the continued attacks by the terrorist group, Al-Qaeda in the Islamic Maghreb (AQIM), hangs over the national consciousness, serving as a brake to large-scale domestic rebellion.

Meanwhile, Algeria's youthful population, constituting the country's majority, has begun to articulate a political vision far removed from the country's aging ruling elite. The archaic phraseology of the past is now being replaced by explicit demands for political freedom, democracy, and human dignity. The emergence of a loosely coordinated group of opposition figures known as National Council for Democratic Change (Coordination nationale pour le changement et la démocratie) has spearheaded a populist revolt against the regime since early 2011, inspired in great measure by the intifadas taking place in North Africa and the Middle East. But is Algeria "next"?

Although he has declared otherwise, the weakened president is unlikely to complete his third presidential term in 2014 because of visible illness, and the constitutional system does not provide a clear mechanism for political succession. Meanwhile, an individual who is himself, at 72, exhibiting signs of physical weakness, heads an emboldened national security apparatus. The hydrocarbon industry, from which virtually all sources of state revenues derive, remains politically manipulated and economically mismanaged. As such, an increasingly animated civil society is no longer willing to be placated by either rhetorical promises or short-term economic rewards as condition for political compliance.

What is clear is that the previous modes of rule-making and rule-enforcement will have to be fundamentally reconfigured to respond to populist demands for social advancement, economic opportunity, and political freedoms. Whether this process develops peacefully or violently is ultimately in the hands of le pouvoir -- as it has been since the founding of the republic.

--end--

No comments: